1. Introduction

Depuis sa création en 2005, l’Observatoire du football CIES monitore les transferts des joueurs à travers les informations publiées par les clubs, les instances dirigeantes et les médias. Ce Rapport Mensuel analyse les flux économiques des transactions intervenues lors de la dernière décennie vers ou à partir des équipes des cinq grands championnats européens : la Premier League anglaise, la Liga espagnole, la Bundesliga allemande, la Serie A italienne et la Ligue 1 française.

Le rapport couvre la période de dix ans entre 2013 et 2022. Il analyse les sommes payées en indemnités de transfert par les équipes du big-5 (chapitre « investissements »), les clubs et championnats auxquels ces investissements ont bénéficié (chapitre « encaissements »), ainsi que les bilans financiers nets tant à l’échelle des équipes que des ligues (chapitre « bilans »).

Les chiffres publiés incluent les indemnités de transfert fixes, les éventuels bonus indépendamment de leur payement effectif, ainsi que les sommes versées dans le contexte de prêts payants. Les montants négociés dans le cadre de prêts avec obligation d'achat sont inclus dans le décompte pour l’année du transfert. Dans la limite des informations disponibles, les données sur les bénéficiaires prennent en compte les éventuelles sommes à la revente négociés par les clubs précédents.

2. Investissements

Après les années de pandémie, en 2022, les investissements sur le marché des transferts des équipes du big-5 ont fortement augmenté : +61% par rapport à 2021. Ce constat est valable tant pour la fenêtre de transferts de l’hiver (+190%) que pour le mercato d’été (+49%). Le niveau des dépenses en transferts observé en 2022 est le deuxième le plus élevé dans l’histoire : €6,2 milliards (seulement environ 7% de moins par rapport à l’année record de 2019).

Figure 1 : investissements en indemnités de transfert des clubs du big-5

2013-2022 (Milliards €)

Une très forte augmentation par rapport à 2021 a notamment été enregistrée en Premier League anglaise : +€1,3 milliards pour dépasser la barre des €3 milliards. Il s’agit d’un nouveau record ! Un accroissement a été mesuré dans l’ensemble des championnats majeurs. La part des investissements des clubs de Premier League par rapport au total du big-5 a aussi atteint un nouveau record en 2022 : 48,5 % comparé à 38,7% pour l’ensemble de la période analysée.

Figure 2 : investissements en indemnités de transfert par ligue

2013-2022 (Milliards €)

Le classement des clubs ayant le plus investi sur le marché des transferts (bonus inclus indépendamment de leur payement effectif) lors de la dernière décennie donne à voir la puissance financière d’une poignée d’équipes dominantes. Chelsea est en tête de liste avec une moyenne de €182 M d’indemnités de transfert par an, suivi de près par Barcelone et les deux clubs de Manchester. Les dépenses des vingt clubs les plus actifs représentent 52% du total des investissements des équipes du big-5.

Figure 3 : investissements en indemnités de transfert par club

2013-2022 (Millions €)

Chelsea est aussi le club ayant le plus dépensé en 2022 (€333 millions), suivi par Manchester United (€268 M), Barcelone (€267M) et Newcastle United (€259 M), l’équipe récemment acquise par des fonds saoudiens. Les investissements des vingt clubs les plus actifs représentent dans ce cas presque 60% du total des équipes du big-5, ce qui reflète les forts écarts existant dans les moyens financiers à la disposition des clubs.

Figure 4 : investissements en indemnités de transfert par club

2022 (Millions €)

3. Encaissements

L'analyse des équipes ayant bénéficié des indemnités de transfert payées par les clubs du big-5 lors des dix dernières années montre que la plupart de l'argent reste à l'intérieur de ces ligues : presque deux tiers du total. Ceci reflète le fait que les transferts les plus chers ont généralement cours entre clubs des cinq grands championnats européens. Cependant, en 2022, la part des indemnités reçues par les équipes d’autres associations membres de l’UEFA a été particulièrement élevée (23,9%).

Figure 5 : récipiendaires des indemnités de transfert payées par les clubs du big-5

Figure 5a: récipiendaires des indemnités de transfert payées par les clubs du big-5, 2013-2022
Figure 5b: récipiendaires des indemnités de transfert payées par les clubs du big-5, 2022

La première division portugaise est la ligue extérieure au big-5 ayant le plus bénéficié des investissements des clubs des cinq grands championnats européens. Ses équipes ont reçu 2,4 milliards d’euros en dix ans (en moyenne €241 millions par an). Les clubs de deuxième division anglaise (€216 M/an), de l’Eredivisie néerlandaise (€171 M/an), et, plus distancées, des premières divisions brésilienne (€119 M/an) et belge (€110 M/an) ont aussi encaissé passablement d’argent.

Figure 6 : ligues hors big-5 ayant reçu le plus d’indemnités de transfert par les clubs du big-5

2013-2022 (Millions €)

Avec plus d’un milliard d’euros générés par le transfert de joueurs à des clubs du big-5, Monaco est en tête du classement des principaux clubs récipiendaires lors de la dernière décennie. Quatre équipes extérieures aux cinq grands championnats figurent dans le top 20 : Benfica (6e, €867 millions), Ajax (9e, €812 M), Porto (14e, €694 M) et Sporting CP (20e, €551 M). Si plusieurs clubs riches sont aux avant-postes, comme nous le verrons dans le prochain chapitre, leurs bilans sont dans le rouge.

Figure 7 : principaux clubs récipiendaires des indemnités de transfert payées par les équipes du big-5

2013-2022 (Millions €)

Manchester City (€ 279 millions) est en tête de liste au niveau des sommes reçues de la part de clubs du big-5 pour des transferts conclus en 2022 (Sterling, Ferran Torres, Gabriel Jesus, Zinchenko, etc.). Les Anglais devancent Ajax (Antony, Lisandro Martínez, Haller, Gravenberch, etc.), Brighton & Hove (Cucurella, Bissouma, Maupay, Östigard, etc.) et Porto (Luis Díaz, Vitinha, Fábio Vieira, Corona, etc.).

Figure 8 : principaux clubs récipiendaires des indemnités de transfert payées par les équipes du big-5

2022 (Millions €)

4. Bilans

Pour une compréhension optimale de l’économie du marché des transferts, au-delà des sommes dépensées et encaissées, il est utile d'étudier le bilan net des opérations. Avec un déficit cumulé lors de la dernière décennie de presque €9,6 milliards, la Premier League anglaise sort nettement du lot. À l’opposé, malgré le bilan très négatif de Paris St-Germain (-€868 millions), la Ligue 1 française est le seul championnat du big-5 totalisant un solde positif (+€350 millions).

Figure 9 : bilans nets des transferts par ligue

2013-2022 (Millions €)

Les bilans nets par ligue pour les transferts intervenus en 2022 confirment la spécificité du cas anglais. Les équipes de Premier League présentent un solde négatif à hauteur de € 1,73 milliards. Ce déficit est dix fois supérieur à celui du championnat avec le deuxième bilan le plus négatif : la Liga espagnole (-€144 M en grande partie dû à Barcelone). Par contre, la Ligue 1 et la Bundesliga ont un solde positif.

Figure 10 : bilans nets des transferts par ligue

2022 (Millions €)

Trois clubs français, LOSC Lille (+€379 millions) et l’Olympique Lyonnais (+€282 M) et Monaco (+€215 M) sont en tête du classement des équipes actuellement dans le big-5 avec le bilan financier le plus positif sur le marché des transferts depuis 2013. Ils sont suivis par deux équipes italiennes spécialisées dans le « trading » de joueurs : Udinese (+€190 M) et Atalanta (+€139 M).

Figure 11 : meilleurs bilans nets des transferts, clubs actuels du big-5

2013-2022 (Millions €)

À l’extrême opposé, Manchester United présente de loin le solde le plus négatif sur la dernière décennie (-€ 1,27 milliards), suivi par Manchester City (-€902 M) et Paris St-Germain (-€868 M). Treize clubs de Premier League anglaise sont dans le top 20. Tous les clubs actuellement en première division anglaise totalisent des soldes négatifs, tandis que seules cinq équipes de Ligue 1 française sont dans ce cas de figure.

Figure 12 : pires bilans nets des transferts, clubs actuels du big-5

2013-2022 (Millions €)

La sur-représentation des équipes de Premier League parmi celles avec les bilans nets les plus négatifs sur les opérations de transfert est flagrante aussi en 2022. Seul Barcelone et Paris St-Germain rompent cette hégémonie. À l’opposé, Manchester City, Brighton & Hove et Leicester City sont les trois seuls clubs de Premier League dans le top 20 des équipes du big-5 ayant enregistré les soldes les plus positifs en 2022.

Figure 13 : meilleurs bilans nets des transferts, clubs actuels du big-5

2022 (Millions €)

Figure 14 : pires bilans nets des transferts, clubs actuels du big-5

2022 (Millions €)

5. Conclusions

Les investissements sur le marché des transferts des clubs des cinq grands championnats européens ont fortement augmenté en 2022 par rapport aux deux années précédentes marquées par la pandémie : +61% comparé à 2020 et +28% comparé à 2021. Un record de dépenses pour une année civile a été même enregistré en Premier League : € 3,0 milliards (+€878 millions par rapport au précédent record de 2018).

Un nouveau record a aussi été enregistré en ce qui concerne la part des indemnités de transfert investies par les équipes de Premier League par rapport aux sommes dépensées par tous les clubs du big-5. D’une moyenne de 38,7% lors de la décennie étudiée, ce pourcentage a atteint 48,5% en 2022. Dix clubs de la première division anglaise figurent aux douze premiers rangs des équipes totalisant les bilans les plus négatifs sur les opérations de transfert conclues en 2022.

À l’échelle des ligues, pendant les dix ans analysés, la Premier League anglaise a cumulé un déficit de presque €9,5 milliards, suivie par la Serie A italienne avec « seulement » €1,4 milliards. La Ligue 1 française se trouve à l’extrême opposé (+€350 millions). Manchester United est le club avec le solde le plus négatif lors de la dernière décennie (-€1,27 milliards), alors que LOSC Lille présente celui le plus positif (+€379 M). Pour 2022, les bilans s’étendent de -€259 M pour Chelsea à +€118 M pour Manchester City.