Rapport mensuel de l'Observatoire du football CIES

n°30- Décembre 2017

Coupe du Monde de la FIFATM 2018 :

le profil des équipes qualifiées

Drs Raffaele Poli, Loïc Ravenel et Roger Besson

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1. Introduction

Le trentième Rapport mensuel de l’Observatoire du football CIES analyse le profil des 32 équipes qualifiées pour la phase finale de la Coupe du Monde de la FIFATM 2018. L’étude porte sur les thématiques de l’âge, de la taille, du pays de naissance et de l’association d’emploi des joueurs utilisés par chaque sélection lors des matchs de qualification*.

[* Pour la Russie, nous avons pris en compte les matchs officiels disputés entre juillet 2016 et novembre 2017]

Le Rapport met en exergue d’importantes différences dans la composition des équipes. Cette diversité est une des richesses d’une manifestation comme la Coupe du Monde de football. Dans un contexte de mondialisation souvent perçu comme homogénéisant, cette compétition permet de remettre au goût du jour les spécificités nationales à différents niveaux.

L’étude montre également la forte concentration des joueurs des sélections qualifiées dans les clubs des ligues les plus compétitives. Si elle prive beaucoup de championnats de leurs meilleurs éléments, cette concentration se traduit positivement en termes d’équilibre compétitif dans la mesure où une majorité de nations dispose de joueurs aguerris au plus haut niveau.

2. Âge

Les joueurs des équipes qualifiées avaient en moyenne 27,4 ans au moment des rencontres disputées. À titre comparatif, cette valeur se situe autour de 25 ans pour les joueurs de 31 championnats de première division européens. Cet écart reflète la tendance des sélectionneurs à privilégier l’emploi de joueurs expérimentés, ayant déjà fait toutes leurs preuves au plus haut niveau.

La sélection panaméenne a aligné les joueurs les plus âgés dans l’absolu (29,4 ans), suivie par le Costa Rica (29,0 ans) et l’Islande (29,0 ans). À l’opposé, les équipes ayant disputé les rencontres qualificatives avec les plus jeunes compositions sont le Nigeria (24,9 ans), l’Allemagne (25,7 ans) et l’Angleterre (25,9 ans). Par Confédération, l’âge moyen varie entre 26,5 ans pour les qualifiés de la CAF et 28,6 ans pour ceux de la CONCACAF.

Figure 1 : âge moyen lors des éliminatoires, équipes qualifiéesFigure 2 : âge moyen lors des éliminatoires, équipes qualifiées par Confédération

3. Taille

En moyenne, la taille des joueurs utilisés par les sélections qualifiées est de 181,7 cm. Cette valeur est légèrement inférieure à celle observée dans 31 championnats de première division européens (182,1 cm). Un seul pays européen, l’Espagne, est parmi les sept sélections ayant aligné des joueurs avec une taille moyenne inférieure à 180 cm. À l’opposé, les six nations en tête de liste font partie de l’UEFA. Il est néanmoins important de souligner qu’il n’existe aucune corrélation entre taille et succès.

Comme pour l’âge, les différences de taille entre les associations qualifiées pour la Coupe du Monde de la FIFATM 2018 sont parfois importantes. La Serbie a en moyenne évolué avec des joueurs de 185,6 cm. À l’autre extrêmité, la taille des joueurs utilisés par la sélection d’Arabie Saoudite n’a été que de 176,2 cm. Les écarts entre Confédérations sont aussi importants : entre 183,2 cm pour les qualifiés UEFA et 179,6 cm pour ceux de la CONMEBOL.

Figure 3 : taille moyenne, équipes qualifiéesFigure 4 : taille moyenne, équipes qualifiées
par Confédération

4. Pays de naissance

L’intensification des mobilités à l’échelle globale se traduit par le brassage des populations aux quatre coins de la planète. L’accessibilité du football à toutes les couches de la société fait que les migrants y trouvent souvent un terrain d’expression privilégié. À la demande d’associations africaines disposant d’importantes diasporas à l’étranger, la FIFA a progressivement permis aux binationaux de représenter plus facilement un deuxième pays au cours de leur carrière.

Sur les 1,032 joueurs ayant participé aux matchs éliminatoires pour le compte de 31 équipes qualifiées et les 40 joueurs russes pris en compte, 98 sont nés à l’extérieur de l’association représentée (9,1%). Le pourcentage maximal a été mesuré pour le Maroc (61,5%), tandis que sept pays n’ont aligné aucun joueur né en dehors des frontières nationales. Par Confédération, les valeurs varient entre 28,7% pour les qualifiés de la CAF et 2,0% pour ceux de la CONMEBOL.

Figure 5 : % de joueurs nés à l’étranger, équipes qualifiéesFigure 6 : % de joueurs nés à l’étranger, équipes qualifiées par Confédération

5. Association d’emploi

En tant qu’activité globale, le football lui-même suscite de fortes mobilités internationales. De plus en plus de joueurs évoluent dans des clubs situés en dehors de l’association représentée. Le pourcentage de joueurs qui au moment de l’étude évoluaient à l’étranger est de 64,6%. Il varie entre 100% pour les joueurs de Croatie, Suède et Islande et 0% pour les footballeurs de l’Arabie Saoudite et de l’Angleterre. Par Confédération, les valeurs vont de 78,7% (CONMEBOL) à 47,6% (AFC).

Figure 7 : % de joueurs dans des clubs étrangers, équipes qualifiéesFigure 8 : % de joueurs dans des clubs étrangers, équipes qualifiées par Confédération

La concentration des talents et des ressources dans le football professionnel se traduit par une forte sur-représentation des joueurs évoluant dans les pays et ligues les plus riches. En novembre 2017, environ la moitié des joueurs ayant participé aux phases qualificatives pour le compte des sélections présentes en Russie évoluaient dans six pays, dont 15,3% en Angleterre (164 joueurs). Au total, 57 associations sont représentées parmi les clubs d’emploi.

Figure 9 : principales associations d’emploi, joueurs des équipes qualifiées (novembre 2017)

6. Conclusion

Cette analyse aide à comprendre la géographie économique du football dans le monde. De par son approche comparative, une telle étude permet également de situer chaque nation étudiée dans le contexte international. La comparaison prend aussi tout son sens à l’échelle des Confédérations. Les différences constatées montrent la richesse d’une manifestation comme la Coupe du Monde de la FIFATM. Le passage à 48 équipes avec une bonne répartition des qualifiés entre continents ne pourra que renforcer ce processus.

Il serait évidemment possible de pousser l’analyse encore plus loin, en particulier pour déterminer les critères-clé de succès compte-tenu des résultats des éditions précédentes. Parmi les facteurs déterminants, il y a notamment le fait de disposer d’un nombre conséquent de joueurs évoluant dans les meilleurs clubs des ligues les plus compétitives. L’histoire de la Coupe du Monde nous enseigne cependant que d’autres critères rentrent en ligne de compte et que les surprises sont souvent à l’ordre du jour.

 

 

 

Rapport mensuel n°30 - Décembre 2017 - Coupe du Monde de la FIFATM 2018 : le profil des équipes